Deux ouvrages retracent la trajectoire intellectuelle du collectionneur Martin Bodmer à partir d’archives inédites, et donnent la mesure à la fois politique et mystique de la célèbre Bibliotheca Bodmeriana.
Martin Bodmer (1899-1971) a constitué sa prestigieuse collection sur près d’un demi-siècle. Cette collection comptait à sa mort plusieurs dizaines de milliers de documents anciens d’une très grande valeur bibliophilique et culturelle. Elle a aujourd’hui son musée à Cologny, à côté de Genève.
Cette collection est également unique en raison de son ambition intellectuelle. Bodmer a réussi à constituer une « bibliothèque de la littérature mondiale » sans équivalent, qui fait de lui un penseur d’envergure européenne. Il est parvenu à matérialiser au XXe siècle une utopie qu’il héritait de Goethe : pacifier les relations entre les nations en encourageant des échanges culturels à la fois intenses et exigeants. Un lot de 150 carnets de notes inédits, rédigés par Bodmer entre les années 1920 et 1960, a permis de reconstituer en détail l’évolution de cette philosophie méconnue de la littérature mondiale.
Deux ouvrages récents donnent la pleine mesure de cette entreprise. Une anthologie des principaux textes de Bodmer sur la littérature mondiale, traduits en français pour la première fois, offre aux lecteurs la possibilité de plonger dans ces réflexions aussi riches que lucides. Un essai de Jérôme David, intitulé Martin Bodmer et les promesses de la littérature mondiale, inscrit par ailleurs la trajectoire intellectuelle de Bodmer dans la turbulente histoire du XXe siècle. On y découvre ainsi que l’engagement de Bodmer dans le Comité International de la Croix Rouge à partir de 1939 s’est nourri des mêmes idéaux que sa collection.
Vidéo de présentation du coffret hors commerce réalisé par Patrick Lindsay et Arno Célérier pour les Editions d'Ithaque.