Gagner l’Orient par le nord

 

 

 

Durant tout le XVIe siècle, le passage du cap de Bonne-Espérance est jalousement gardé par les Portugais et rares sont les flottes qui parviennent à atteindre l’Asie par l’Ouest (cap Horn). La convoitise des Hollandais pour les richesses orientales et leur maîtrise de la navigation vont dès lors les inciter à chercher des alternatives insolites à ces deux principales voies maritimes. La plupart des récits de ces explorations hollandaises ont été réédités, souvent dans une forme abrégée, et illustrés, souvent d’après les gravures des éditions originales, dans les Petits Voyages. La troisième relation de Gerrit de Veer, éditée dans la troisième partie des Petits Voyages (1598), retrace l’une de ces expéditions les plus marquantes. Partie d’Amsterdam en mai 1596, une flotte conduite par William Barentsz tente de gagner la mer de Chine par le nord du continent eurasien. Après avoir découvert le Spitzberg, les navires sont rapidement pris par les glaces et les Hollandais se voient contraints à un hivernage forcé sur les côtes de la Nouvelle-Zemble. Seule une partie de l’équipage survit à ces six mois d’hiver passés dans une cabane de fortune et seuls douze rescapés, parmi lesquels Gerrit de Veer, parviennent à rejoindre Amsterdam en septembre 1597, après avoir parcouru près de 2800 km à bord de simples chaloupes. Quant à Barentsz, il ne survit pas à ce pénible voyage de retour, mais il laisse son nom à la mer qui le voit périr.

 

Cette relation paraît en 1598 à Amsterdam en hollandais, latin et français, et en allemand à Nuremberg, toujours dans des éditions illustrées. Les frères de Bry en publie une version abrégée en allemand l’année suivante (1599) à Francfort puis en latin en 1601. Ils l’illustrent de vingt-trois gravures dont la plupart sont simplement copiées des planches de ces autres éditions. Les gravures qu’ils exécutent ne sont ainsi jamais entièrement originales, mais elles sont souvent de facture plus fine. Parfois, elles combinent également des éléments empruntés à deux modèles distincts. En plus de la troisième partie des Petits Voyages, la Bibliotheca Bodmeriana possède les éditions latine et française de cette relation, publiées à Amsterdam en 1598 chez Cornelisz Claes. Toutes trois sont intégralement accessibles en version numérique :

 

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